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Partie 3 : Une bulle de douceur. Prématurité : bébé et parents bouleversés.

Dernière mise à jour : 1 mai



Le bébé connaît déjà ses parents lors de la gestation. Il est déjà lié à eux et il a besoin de cette suite sensorielle à sa naissance. C’est un facteur de protection pour lui.


Les sens du bébé se développent in utero. Le toucher se développe autour de la 20 ième semaine de grossesse, par la pression que l’utérus exerce sur lui. Le mouvement est possible grâce à l’état d’apesanteur que procure le liquide amniotique. Arrive ensuite l’odorat. En inhalant du liquide amniotique, des substances odorantes peuvent venir en contact avec les récepteurs du nez. Même l’odeur du père peut venir jusqu’à lui. Même chose pour le goût. En avalant du liquide amniotique, il goûte aux aliments de maman. Il distingue le sucré, le salé, l’amer et l’acide. En ce qui concerne l’ouïe, le bébé est familier avec les bruits digestifs, circulatoires et le battement cardiaque de sa maman. Il entend la voix de maman et de papa si celui-ci est proche.  Le système visuel devient fonctionnel entre le 32 ième et la 37 ième semaine de gestation [1].


Une fois sorti de la quiétude du ventre de sa maman, le bébé est stimulé par tous ses sens. Il est en état de choc face à la lumière, le froid, les odeurs et les bruits, etc

À sa naissance, le bébé a donc besoin de repères sensoriels. Son instinct le pousse à vouloir être en proximité avec celle qu’il connaît sensoriellement. Celle qui l’a porté. Le processus d’attachement est commencé. Alors, s’il ne peut pas se blottir contre sa maman, parce qu’il a besoin de soins médicaux par exemple, que se passe-t-il pour lui?

Il est perdu et déstabilisé et il a peur.


« Tous les bébés et les mamans ont besoin d’un contact peau à peau après la mise au monde pour se re-connaitre et pour vivre ce moment précieux de l’attachement »[2]

Moment précieux dont sont généralement privés les bébés qui naissent prématurément ainsi que leurs parents.


Un facteur de protection pour le bébé est la présence du père. Le bébé est familier avec la voix de celui-ci, il donc une personne essentielle pour le nouveau-né. Il le connaît. Il est tout désigné pour être présent. Il sera reconnu par le bébé.

Papa peut lui parler du choc qu’il vit en ce moment, puisque nommer ce que nous ressentons calme le cerveau. Comme il ne peut pas parler, vous devez le faire pour lui, lui proposer des mots:

 « Tu es arrivé plus vite que prévu et les infirmières ont quitté rapidement avec toi pour te donner des soins. Tu n’as pas eu la chance de te coller sur maman. Tu as eu très peur. Tu dois te demander où elle est maintenant »


Dans le cerveau de l’être humain, il y une partie qui s’appelle l’amygdale. Elle est considérée comme la plaque tournante des émotions et des relations sociales. Elle est aussi appelée le centre de la peur.

« Le rôle de l’amygdale est de détecter tous les dangers potentiels dans notre environnement et de nous en alerter. Elle nous fait réagir de manière automatique et inconsciente, en une fraction de seconde.[3]

L’amygdale est fonctionnelle et mature à la naissance.


Pensez à un moment où vous avez eu peur…….

C’est l’état d’alerte. Vous êtes prêts à fuir ou à attaquer. Vous tendez l’oreille pour entendre, vos yeux sont agrandis, votre souffle est coupé ou accéléré. Vous êtes raide comme une barre puisque vos muscles sont tendus. Vous y êtes? Vous vous souvenez?


Et bien, plaçons nous maintenant dans la peau du bébé. À quels types de menace fait-il face?

Les interventions médicales suivantes : prises de sang, prise du taux de glycémie, prise de température corporelle, installation d’un tube gastrique, capteur cardiaque et le masque à oxygène.   Toutes ces interventions ont leur raison d’être, mais le bébé ne le vit pas ainsi. Son amygdale est constamment sollicitée.


Les billets précédents ont permis de dégager des pistes pour apaiser les parents.  Le bébé mérite des gestes conscients qui favorisent l’apaisement :

  • Offrez-lui la proximité avec maman le plus rapidement possible

  • Donnez-lui du réconfort en utilisant votre corps pour le réchauffer. 

  • Regardez le avec tendresse et douceur.

  • Chantez lui les berceuses que vous avez écoutées ou vous-même chanter lorsqu’il était dans votre ventre. Il aime votre voix.

  • Laisser votre odeur se déposer sur lui.

  • Coller son oreille contre votre cœur.



« Il ne peut maîtriser seul sa peur, il a besoin d’un adulte qui le rassure et l’apaise »[4]


Une bulle de douceur pour atténuer l’environnement médical dans lequel il est plongé.

Une bulle de quiétude pour lui et ses parents.



Sandra Rousseau

Travailleuse sociale

ROUS9306290TS

Pour alléger le texte, nous parlons de maman et papa, tout en étant conscients que les modèles familiaux sont beaucoup plus variés que le modèle traditionnel 


[1] Jeanne Roy, Voyage au cœur de l’attachement, Démarrage Carnet 2

[2] Jeanne Roy, Voyage au cœur de l’attachement, Démarrage Carnet 2 page 18.

[3] Dr Catherine Gueguen. 2014.  Pour une enfance heureuse. Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau.

[4] Idem que 2

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